face au chantage : à propos du 7 mai 2017

à Laurence, Jérôme et quelques autres

Je n’aurai pas le temps de lire aujourd’hui d’autres articles, d’autres études sociologiques, d’autres analyses et d’autres déclarations, il faut garder la petite, préparer le travail du soir, écrire le texte que je devais rendre le 25 avril et dont la remise a été reportée au 2, mais j’en sais déjà assez, je crois. Il faudra bien que je me passe des analyses d’Emmanuel Todd (que j’aimerais lire mais qui sont en accès payant : quelqu’un pourrait-il les publier sur sa page ? sur son profil ?), et de tant d’autres — il arrive forcément un moment où l’on doit décider seul, avec ce que l’on a, ce que l’on sait en l’état et ce que l’on est.

Je sais quelque chose, même si cela fait longtemps que je n’ai plus le temps de lire et de m’informer autant que je le voudrais (de lire comme à 15 ans, à 20 ans ou à 30) : je sais que la montée du FN n’a cessé d’accompagner l’abandon déclaré, assumé, des classes populaires, des « bastions ouvriers », des chômeurs que les ouvriers de naguère tendent de plus en plus massivement à devenir depuis le tournant des années 80, ne cessent de devenir encore, à Florange, Amiens, Saint-Nazaire, des jeunes travailleurs précaires qui se sont démultipliés dans un champ du travail de moins en moins lisible à partir du milieu des années 70 et aussi, et peut-être avant tout, du monde rural, par les partis et l’ensemble des gouvernements qui se sont succédés depuis 1981 comme par toute une frange de la population (des « classes moyennes éduquées », pour parler à traits larges, et des intellectuels, de ceux qui sont avant tout possesseurs d’un capital culturel, de ceux qui, à un moment de leur vie ou tout au long de leur vie, ont eu le temps de lire).

Je sais que l’alternative qui nous est aujourd’hui proposée (entre la finance ou le fascisme) est une forme particulièrement viciée, particulièrement perverse de reconduction de ce pacte passé dès les premières années du gouvernement socialiste (1983) entre ces mêmes classes moyennes, les professions libérales et le patronat sur le dos de ceux qui ne possèdent pas de capital et, en particulier, pas de capital culturel.

Je sais que, par rupture avec toute une partie du mouvement ayant suivi Mai 68, l’écrasante majorité des intellectuels «de gauche» a, à un moment crucial, pris le parti ou décidé de se retirer du jeu, de la construction de solidarités entre les classes, de l’organisation de transferts et d’échanges réciproques de savoir permettant de bâtir des luttes entre pratiques ouvrières, agricoles et savoir livresque, théorie, réflexion collective, création d’espaces pour un discours et une expérience politique en commun entre l’usine, les champs et l’université ; de cesser d’incarner un point de connexion, de jonction, entre classes populaires et classes passées par l’université (et cela vaut autant pour le monde de la production industrielle que pour le monde rural mais aussi, de manière chaque jour plus aiguë, de la solidarité en acte avec les migrants).

Je sais que la reconduction de ce pacte marqué par l’égoïsme bourgeois le plus étroit ne peut plus aujourd’hui se prévaloir, si elle l’a jamais pu, de cette caution morale qu’était jusqu’à présent censée lui apporter l’injonction du «tous ensemble contre le fascisme», en premier lieu parce que la gauche de gouvernement a transformé l’antiracisme en serpillière de ses opportunismes et de ses reniements, en second lieu parce qu’aucune réflexion sociale n’a jamais accompagné aucun «sursaut républicain». Privé de toute véritable réflexion sur les causes sociales de la montée de l’extrême-droite, cet antiracisme-là (celui de SOS Racisme comme des grandes manifestations unitaires des années 90 —  mais certainement pas celui, dans notre enfance, de la belle marche pour l’égalité) n’a jamais été qu’une passoire, qu’un crible ne faisant dans le fond barrage à rien — la preuve en est apportée aujourd’hui de la façon la plus critique, la plus criante et, au vrai, la plus dramatique qui soit.

Je sais aussi quelque chose du racisme profond qui habite depuis des décennies la société française. Je ne devais pas avoir 8 ans lorsque le gardien de notre ILM (Immeuble à loyer modéré) de Place des Fêtes m’a menacé un jour de me renvoyer dans mon pays « avec un coup de pied dans le cul » — et cette remarque m’a certainement marqué à vie. Dans l’immeuble de la rue du docteur Potain où nous avons grandi, mon frère et moi, nos amis s’appelaient Bichara, Céline, David, Samuel, Reda, Anne, Michel, Jérémy, Karim, Eric, Basile, Lamine, Stratos, Frédéric, Moussa, Aïssatou, Heidi, Patrick, Axel. Je me souviens des bavures et du mot ratonnades dont l’écho a suivi toute notre adolescence, et des noms. Je me rappelle avoir, quelques années plus tard, été saisi à la gorge par un policier du commissariat du Forum des Halles et soulevé contre le mur, au bord de l’asphyxie : je venais de protester et de m’opposer à un contrôle d’identité humiliant. Je sais quelque chose de ce racisme : je l’ai reçu dans la face comme une insulte, très jeune, je l’ai senti se refermer sur ma gorge — moi qui suis pourtant, comme le disait Pasolini, «un petit bourgeois », un privilégié, quelqu’un que les livres protègent, quelqu’un qui, en cas de démêlés avec la justice, aura plus de chances d’échapper à l’incarcération que la plupart de nos amis d’enfance.

Je sais aussi, pour avoir vécu en Grèce ces quinze dernières années, que l’alternative Macron / Le Pen est une nouvelle forme du non-choix auxquels les Grecs, singulièrement, ont été confrontés en juillet puis en septembre 2015. Le chantage exercé alors sur le peuple grec par l’Eurogroupe consistait à faire jouer la menace d’une sortie en catastrophe de l’euro et de l’effondrement, du jour au lendemain, du système bancaire. Le chantage exercé aujourd’hui sur le peuple français est peut-être plus violent encore car il utilise une arme de nature éthique, ou morale : votez pour la finance afin de faire obstacle à l’horreur, au parti de la haine de l’autre. Votez pour les plans d’austérité que nous vous infligerons, car vous n’avez plus le choix.

Mais la finance n’est-elle pas, aussi, un parti de la haine ? De la haine des pauvres, des réfugiés, des ouvriers, des chômeurs, des sans dents, des incultes? Derrière le visage et les mots étrangement lisses d’Emmanuel Macron, ne faisons pas semblant de ne pas voir, de ne pas entendre les chiffres atroces et le réel des plans d’austérité, celui de l’accroissement de la mortalité infantile et des suicides dans les pays du Sud, les conditions sordides des camps de réfugiés organisés en Grèce sous les auspices de l’Union européenne ni le silence de ceux qui continuent de mourir en Méditerranée.

Le propre de la gouvernance néo-libérale est de nous contraindre à apposer notre signature à son programme de guerre sociale alors même que nous savons qu’il est dirigé contre nous, contre la société, contre ses solidarités les plus élémentaires. À lui donner notre aval, fût-ce sous la menace d’un chantage cru.

Quelle «caution morale» et quel assentiment subjectif apporter à un mouvement incarnant la destruction de plus en plus accélérée, à travers l’Europe, des classes populaires, de toute une partie des classes moyennes mais aussi, à l’échelle mondiale, des ressources naturelles et de la planète entière ?

L’antiracisme quinquennal de la classe dirigeante française n’est fondamentalement que la caution morale d’un égoïsme et d’un cynisme de classe : le vernis dont les intellectuels et une grande partie de l’électorat socialiste tentent de recouvrir leur trahison historique.

Cet antiracisme-là doit finir, est fini : chacun le sait, tant son masque apparaît désormais craquelé, boursouflé, caricature ne pouvant même plus se prévaloir, par différence avec 2002, de la tradition républicaine.

Fascisme, austérité, silence. La seule issue, pour la gauche, consiste désormais à se tenir à distance des injonctions morales d’une hypocrisie absolue de ceux (journalistes, intellectuels organiques du capital) qui, en la pressant de se prononcer en faveur d’E. M., n’ont pas d’autre objectif que de la voir abjurer — ce qu’Alexis Tsipras, après six mois de gouvernement, s’est résolu à faire, et ce dont Jean-Luc Mélenchon s’est pour le moment heureusement bien gardé.

Elle est surtout de travailler à une nouvelle alliance de classes, de groupes sociaux, de fragments dispersés, désunis, de modes de travail, de modes d’être et de vie, de cultures (« nouvelle » dans le sens où le travail a, depuis les années 70, subi des transformations décisives), en faveur de la redistribution et de la justice sociale : contre une accumulation des richesses devenue proprement monstrueuse, pour leur partage et pour la circulation du savoir à travers l’ensemble du champ social.

Nous sommes des milliers, en ce moment même, à débattre des décisions que nous prendrons le 7 mai, à nous débattre et à nous déchirer, mais peut-être conviendrait-il d’abord de dire l’évidence : que le vers est dans le fruit, que les termes du débat sont faussés. Que ce débat est un piège car il repose sur un chantage et sur l’appui objectif apporté depuis des décennies par l’establishment aux thèses de l’extrême-droite, au détriment des revendications de justice. (Favorisons la création du monstre, nourrissons-le puis déclarons : Votez pour la finance, sans quoi nous sortirons le monstre de sa cage.) Ce débat vicié doit et peut être, maintenant, radicalement dénoncé, contesté dans ses termes. L’alternative entre Macron et Le Pen est le symptôme le plus éclatant de la perversion profonde du système capitaliste contemporain, dans sa forme néo-libérale et (forcément) autoritaire. Nous ne devons pas nous résoudre à ce que « gouvernance » soit désormais, dans tout le continent européen et au-delà, synonyme de «chantage». Cette imposture doit être maintenant, aujourd’hui, dénoncée et ramenée à ses causes.


samedi 29 avril 2017

// Ce texte a été traduit en espagnol par Louise Michel (alias Mario Baudoin), à l’invitation d’Amador Fernández-Savater – un grand merci à tous les deux. //

28 réflexions sur “face au chantage : à propos du 7 mai 2017”

  1. Bien sûr que le jeu est faussé, et depuis longtemps.
    Peut-être même depuis plus longtemps qu’on ne se le dit ; peut-être que ça remonte au moment ou le « petit bourgeois » se dit qu’il doit apporter aux « ouvriers » son savoir sans se demander si l’ouvrier a envie ou besoin de ce savoir et s’il (l’ouvrier) n’a pas quelque chose aussi à transmettre, pas juste une plainte légitime ou pas, mais une connaissance, et je ne parle pas juste de savoir changer une bielle ou un moteur de machine à laver, qui sont les rares occasions ou le petit bourgeois demande quelque chose à l’ouvrier, et avec quelle réticence et vexation.
    Bon, le 7 mai n’est qu’un épisode c’est ensuite que ça se jouera – ou pas. N’empêche qu’on peut faire quelque chose le 7 mai, ou pas.
    Pour mon compte, en sept présidentielles j’ai jamais pu voter pour un candidat ; toujours contre pire.
    ah, et puis faut le dire : j’ai bien aimé vous lire.

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    1. merci!
      oui c’est pour cette raison que je parle d’échange et pas (seulement) de transfert de savoir – je n’ai par ailleurs pas le moindre désir de défendre une position de l’intellectuel à la « OCI » (pour prendre un exemple au hasard) – ça resterait effectivement à préciser, mieux

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      1. Bien sûr ! ma remarque n »était pas une réaction contre votre texte, mais plutôt une réaction à partir ! c’est justement en vous lisant que j’ai pris conscience que cette « position dominante spontanée » de l’intellectuel parasitait obligatoirement l’échange, même avec toute la bonne volonté du monde…
        il faudrait aussi faire la révolution dans nos tête 🙂

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    2. Merci pour vote article, Je rebondi sur ce commentaire en y ajoutant une lecture faite récemment, il s’agit d’une citation dans une bande dessinée, « Géronimo , mémoire d’un résistant apache » (qui mériterais d’être dans les bacs ces temps-ci…)
      A carliste, on mettait en pratique les idées d’un inspecteur général de l’instruction publique française, qui déclara sur les ruines fumantes de la commune de Paris…:
      « Si vous voulez une saine domination des classes supérieures, il ne faut pas fusiller le peuple mais l’instruire. »
      Il y a du chemin a faire, en effet…

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  2. Il est facile de se déresponsabiliser en nous disant: on ne nous laisse le choix qu’entre fascisme et l’oppression oligarcho-capitaliste. C’est seulement parce qu’une partie du peuple de laisse influencer par leurs opérations de propagandes que l’extrême droite et les capitalistes sont aujourd’hui au second tour. Recevoir et accepter l’information sans esprit critique c’est laisser les préjugés qu’elle véhicule devenir notre référentiel de pensé. Ces préjugés une fois en place s’enracinent dans notre esprit, contenté et flatté lorsqu’on lui représente, ce qui sclérose sa reflexion. Il est plus plaisant de beugler: « heuuuuu, c’est la faute des immigrés! Y’en a marre! Marine à raison!Elle le dit c’est ce que je pense! Je vote marine! »; que de remettre en question ses préjugés et se dire: « Il y a des implications que j’ignore certainement, je ne suis pas expert en géopolitique ni en économie » et chercher à comprendre pourquoi on me dis tel chose, quelle est la part de vérité et celle de mensonge, quel points de discours servent mon intérêt et l’intérêt général et lesquels servent celui d’une minorité dominante.

    Le peuple Français n’a pas, au premier tour, vote Macron et Lepen sous la contrainte sache? Il est facile de s’enfiler des saisons de game of thrones, vivoter pendant des mois entre sorties ludiques, bar et boite de nuit. Refuser d’ouvrir le moindre bouquin parce que « j’aime pas la lecture », « je suis fatigué, j’ai eu une dure journée » ou je ne sais quelle prétexte. Il est plus difficile de se contraindre – malgré les impératifs de la vie quotidienne et le manque d’envie – à l’étude et la réflexion, afin d’être DIGNE DU DROIT DE VOTE! Car ce droit n’est une arme efficace que si l’on à conscience des enjeux et conséquences des choix que fera le candidat pour lequel on vote! Non une vague idées construite sur des préjugés mais une véritable conscience politique(économique, sociale) fondé sur une réflexion approfondie.

    Le vote de citoyens possédant une telle réflexion est la libre expression actuelle d’un peuple rationnel. Celui de masses, politiquement incultes, est seulement l’expression de mouvement propagandistes dominants. Celui de citoyens en droit, libre de penser et se rendre maître de leurs destin, qui, dans les faits refusent, par faiblesse de caractère, d’en faire usage.

    J’ai moi même honte du peu de science politique que je possède et me juge indigne de voter, car je manque de savoir en le domaine. Seulement j’en ai conscience et m’efforce d’acquérir des connaissances et me forger une réflexion sur le sujet. Trop nombreux sont ceux qui se lamentent sans chercher à comprendre les choses en profondeur. Braillent leurs complaintes idiotes à grand coup d’idées toutes faites, racisme et complotisme primaire qu’ils croient des réflexions profondes et pertinentes.

    Pour finir je reprendrai, – pas sans une dose de conformisme universitaire – pour lui rendre hommage, l’injonction du camarade Kant qui s’applique également à moi et lancerai cet appel à notre peuple:

    SAPERE AUDE!

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  3. écho (pas si lointain) retrouvé par @clprtr / colporteur sur Twitter:

    ❝Un nouveau « style Libé », fait de renoncement, de torpeur et fréquemment de cynisme, n’a cessé de gagner du terrain [parmi les composantes intellectuelles dites de gauche]. (…) Sans qu’on y ait pris garde, une restauration de valeurs traditionnelles s’est instaurée. Elle a fait le lit de la révolution de droite en train de s’affermir. Et toute cette affaire, ce qui ne manque de piment, s’est développée dans le contexte sirupeux d’un pouvoir socialiste bon chic bon genre, lui-même très soucieux d’assurer son image de marque auprès des milieux financiers et des oligarchies traditionnelles. Le résultat est là : une masse considérable d’abstentions (…), une force fasciste en voie de constitution, l’émiettement de la capacité collective de résistance au conservatisme, la montée du racisme et de l’entropie mortifère. (…)

    Force est de constater que les socialistes français ont perdu la mémoire du peuple. La plupart d’entre eux ne donnent plus à la polarité droite-gauche un autre sens que circonstanciel. Qui mise encore, parmi eux, que les opprimés, en France comme dans le reste du monde, sont porteurs d’un avenir, de potentialités créatrices ? Qui mise encore sur la démocratie comme levier de transformation (pour autant qu’elle donnerait une prise sur les réalités contemporaines) ? Faute d’avoir œuvré à temps à la cristallisation des nouveaux modes de socialité articulés aux « révolutions moléculaires » qui traversent les sciences, les techniques, la communication, la sensibilité collective, la gauche a laissé passer l’occasion historique qui lui était offerte. Elle s’est engagée dans une surenchère absurde avec la droite sur le terrain de la sécurité, de l’austérité et du conservatisme.❞

    (Félix Guattari, Les Années d’hiver, 1980-1985)

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  4. C’est un petit bijou votre texte. Je viens de le partager afin que mes « ami(e)s » le lisent et le relisent sans modération. Je l’ai découvert juste après avoir écrit ceci sur ma page Fb :

    Hypocrisie/amnésie collective :
    On n’arrête de nous seriner qu’il faudra aller voter pour faire barrage à MLP. Une fois Macron élu, on nous serinera de nouveau en nous disant qu’il faudra lui donner une majorité pour gouverner…Mais personne, ou rarement, ne dénonce les Zemmour, Finkielkraut, BHL, Attali, Fourest et bien d’autres, ainsi que les médias et autres institutions qui les épaulent, et qui sont les premiers responsables de la débâcle qui s’annonce, et ce quel que soit l’élu(e)…

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  5. Bonjour, Ce que j’exprime si mal est dans ce texte, alors je passe sur les réseaux votre code page et beaucoup trouve intéressant de le lire et vous donne du : Absolument magnifique et criant de vérité !! Merci pour le partag.
    Bien à vous et plaisir autour.

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  6. « Que ce débat est un piège car il repose sur un chantage et sur l’appui objectif apporté depuis des décennies par l’establishment aux thèses de l’extrême-droite, au détriment des revendications de justice. (Favorisons la création du monstre, nourrissons-le puis déclarons : Votez pour la finance, sans quoi nous sortirons le monstre de sa cage.) Ce débat vicié doit et peut être, maintenant, radicalement dénoncé, contesté dans ses termes. »

    Excusez-moi, monsieur. Votre article dit que ce débat vicié doit être contesté dans ses termes. C’est entendu et maintenant qu’il l’est, allez-vous voter contre la fasciste ou allez-vous vous contenter de vous tenir les bras croisés et de contester le débat? Parce que ça ne changera rien à sa prise de pouvoir. Oui à tout ce que vous avez dit, non à l’abstention.

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    1. « Participeriez-vous à une révolte de grande ampleur contre votre gouvernement ? » Une enquête vient d’être rendue publique dont les auteurs ont posé à plusieurs milliers de jeunes vivant en Europe, entre 18 et 34 ans, cette question. Les réponses peuvent être consultées ici: https://www.theatlas.com/charts/B1OSMoxkb et sont éloquentes. Voir aussi: https://qz.com/971374/europes-youth-dont-care-to-vote-but-theyre-ready-to-join-a-mass-revolt/

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    2. Les macronistes sont comme ça, ils sont d’accord avec tout ce que vous dites, même si cela signifie qu’on ne peut leur donner raison, mais en conséquence et ainsi donc, il faut leur donner raison.

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  7. La valeur (ajoutée) n’attend point le nombre, des damnés. Le carrousel de l’ignoble organisation basée sur l’avidité inextinguible et folle d’enfants gâtés profiteurs et condescendants de castes « supérieurs » et autres dynasties malsaines puisque consanguines, dans son acceptation isolationniste, de châteaux fortifiés, se prépare, quelque soit le résultat, une nouvelle tournée champagnonesque. Ils auraient préféré Fillon, tout de même. Quoique ?

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  8. En lisant l’étude  » Participeriez-vous à une révolte de grande ampleur contre votre gouvernement ? » Une enquête vient d’être rendue publique dont les auteurs ont posé à plusieurs milliers de jeunes vivant en Europe, entre 18 et 34 ans, cette question » et la date faite 2 ans avant les élections, je me dis que tout était déjà calculé. Une révolution programmé en France pour reprendre une autre forme de pouvoir, diviser pour mieux régner Le propre de la gouvernance néo-libérale

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  9. Post scriptum du 4 mai:
    L’équation de cet entre-deux-tours (et bien au-delà) n’a pas que deux termes (la montée du néo-fascisme, la poursuite de l’oeuvre de destruction néo-libérale « par d’autres moyens » que ceux qu’offraient jusqu’à présent l’appareil social-démocrate et sa rhétorique), elle en a trois – le troisième de ces termes étant la division de la « gauche », des forces de justice sociale, au niveau politique, au niveau syndical comme au niveau des mouvements – mais aussi à celui des citoyens et des habitants du pays, pris individuellement.
    A cet égard, le « débat » de l’entre-deux-tours (non le « débat » d’hier mais celui dans lequel nous nous débattons et souvent nous déchirons, entre nous, depuis des jours) semble parfaitement remplir son office de division ; la nécessité de contester les termes mêmes du débat (sans s’engager d’abord et prioritairement dans aucune « consigne de vote » et quelle que soit la décision de chacun) était et reste à mon sens une nécessité – car ce « débat » dont les termes nous ont été largement imposés, ce débat aux termes viciés et qui illustre exemplairement la « corruption de la décision politique » à l’oeuvre dans nos régimes post-démocratique (Philippe Aigrain) menace aujourd’hui de laisser derrière lui des fractures, des blessures, des ruptures qui, d’une certaine façon, font partie intégrante du projet néo-libéral et de la façon dont il est et entend continuer à être mis en application: non pas seulement par le biais de la destruction des solidarités mais également en accentuant et en mettant à profit nos divisions, pratiques et idéologiques, là où nos intérêts sont communs.
    (Jouissance de la division.)

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  10. post scriptum du 5 mai:

    Le résultat du chantage orchestré contre la Grèce (janvier – juillet 2015) par les créanciers, la BCE et l’élite ordo-libérale européenne a d’abord été (outre évidemment ses conséquences sociales et économiques) une division sans précédent (jusqu’à quasi-disparition) de la gauche grecque, avec l’affaiblissement des mouvements sociaux « par le bas » (structures de solidarité) et le découragement (intériorisation de la défaite, chute libre de la politisation) que cela devait directement entraîner.
    L’urgence en France est sans doute de résister à la division dans laquelle nous entraîne le piège particulièrement sophistiqué à quoi se tient en grande part cette élection présidentielle.
    Le débat qui « fait rage », dans et à travers ses contradictions, ses oppositions, ses apories (car beaucoup ne cessent de butter contre un « choix impossible », un double bind ou une double contrainte, pour prendre un exemple tiré de la psychologie) peut devenir un vrai facteur de politisation et de mobilisation pour la suite, et pas forcément un facteur de division et de dissolution (des solidarités politiques ou sociales, voire des amitiés).
    La question est peut-être autant une question de politique que de tact, ou de style: savoir jusqu’à quel point nous désirons avancer dans ces oppositions, jusqu’à quel point nous devons aussi et en même temps respecter la décision de l’autre, la tenir pour un choix politique et subjectif aussi valable que celui que nous sommes nous-mêmes amenés à faire.
    Pour le dire plus précisément: il n’y a en l’occurrence, face à cette « double contrainte », pas de choix qui puisse être fondé dans l’absolu ou dans la vérité. Mais c’est justement une dimension essentielle de la politique, de la politique qu’il s’agit de défendre.
    Nous ne sommes pas seulement confrontés à un piège, à un chantage structuré et façonné par la « corruption [généralisée et dans tous les domaines] de la décision politique » (Philippe Aigrain), depuis des décennies, mais aussi à une situation peut-être inédite (et qui porte une dimension politique, un sens politique propre, des virtualités positives) où celle / celui qui choisit de s’abstenir ou de voter pour Macron déclare en même temps comprendre un choix différent (exclusion faite du choix en faveur des néo-fascistes) – c’est une réaction qui ne cesse pas de me frapper depuis plusieurs jours, que je remarque de façon récurrente en lisant des dizaines et des dizaines de statuts, de textes, de réactions, d’interventions dans les débats: c’est la dimension du débat, du débat qui n’est pas uniquement un moyen mais une fin en soi, le coeur ou l’essence même de la démocratie, dans son caractère inachevé, sa conflictualité et sa vie, sa capacité à être un processus vivant et ouvert plutôt qu’une forme morte.

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  11. ❝La Cip- Idf n’a jamais donné de consigne, de conseil, de recommandation, d’avertissement, d’encouragement à quiconque ni pour personne concernant des élections. Pour autant, nous avons une pensée politique, ancrée dans notre pratique et notre observation de l’intermittence et de la précarité. Il nous paraît donc utile de relayer deux points de vue concernant le scrutin de dimanche. L’un prône le vote contre le Front National, l’autre le non-vote. Le point commun entre ces deux textes est qu’ils sont écrits par des auteurs ne vivant pas en France – ou pas en permanence – bref un point de vue du dehors. Les deux partent aussi du constat de la radicalisation du capitalisme dans son mode de gouvernement des plus précaires.
    Nous invitons à les lire pour nourrir la réflexion de chacun concernant la situation politique en France.❞

    http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=8595

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